mercredi 17 février 2010

JE ME SOUVIENS DE PORT-AU-PRINCE, (par Mag Cartier aka Castille Castillac)

Je me souviens des rires des jeunes gens. Un jour j'ai demandé à maman pourquoi les uns riaient quand un autre parlait. Je me souviens qu'elle m'a répondu que c'était parce qu'ils étaient jeunes. Je me souviens avoir pensé que j'aimais les jeunes. Je me souviens que leurs dents me plaisaient. Je me souviens qu'ils ouvraient grand la bouche en riant aux éclats. Je me souviens que trouvaient qu’ils en rajoutaient.




Je me souviens des longues soirées de mon enfance. Je me souviens qu’enfant je savais déjà que j’aimerais toujours ces soirées-là.


Je me souviens des cours du soir de maman. Je me souviens des élèves qui les fréquentaient. Leur parents étaient souvent des amis de la famille. Ils restaient bavarder longtemps après les cours.

Je me souviens des Rousseau, de Ti Chine Rousseau (l’ami de mon frère Jacques, eh oui j’en ai un,) et de sa sœur Andrée Rousseau, je me souviens des Bouchereau, je me souviens de Bob Bouchereau l’ami de mon frère Jacques avec Ti-Chine il étaient en classe chez Georges-Marc, je me souviens de sa sœur Mireille, elle était belle, elle était gaie, je me souviens que maman aimait beaucoup Mireille Bouchereau, je me souviens que tout le monde à la maison aimait Mireille Boucherau elle avait une joie communicative, je me souviens que j’étais amoureuse de Bob Bouchereau.


Je me souviens que je n'aimais pas que maman s'absente. Je me souviens que j'avais peur qu'elle ne revienne pas. Je me souviens que Jeanjean mon frère et moi nous baissions notre culotte et, écartant nos fesses, montrions notre anus à ceux qui nous embêtaient. Je me souviens qu'un jour Armande, ma grande soeur, m'a rattrapée et fessée parce que je lui avais montré mon anus. Je me souviens lui avoir dit que je le répéterais à maman. Je me souviens que JeanJean et moi étions particulièrement agaçants quand maman était sortie.


Je me souviens des Tribunes du Champs-de-Mars, en face du Rex-Théâtre. Je me souviens que maman avait trouvé « odieux » qu’on les détruise. Papa disait que ce "nétait pas sérieux". Il arpentait la galerie en répétant:"Komabo! Sa moun yo ap fè la?" Je me souviens de ma peine de voir partir les vielles tribunes. Je me souviens du cinéma Le Palace et de l'eau qui l'envahissait quand il pleuvait. C'est là que j'ai vu "Vingt mille lieux sous les mers".


Je me souviens du Jazz-des-Jeunes, de ses morceaux que mon frère chantait tout le temps. Je me souviens de leur chanson « En dansant à Djumballah ». Leur saxophoniste s'appelait St-Aude me disait mon frère. Mon frère me disait que le batteur du Jazz-des-Jeunes jouait avec une partition. Je me souviens que cela m'impressionnait.Je me souviens de l’air qui annonçait les faire-parts funéraires à la radio. Je me souviens de « La station des vedettes, la vedette des stations, Radio-Haïti ».Je me souviens de la marchande de pâtés qui nous vendait des pâtés tous les matins. Je me souviens qu'elle avait de longues conversations avec maman. Je me souviens qu'elle était douce et gentille. Ces pâtés n'en étaient que meilleurs. J'aimais les gros pâtés à 25cts. Je me souviens que j'avais du mal à en achever même un seul.


Je me souviens de mes bottines roses à grelots.

Je me souviens de l'orchestre de Raoul Guillaume, de "Sa ki pa konnen tiFéfé", de "Le Football est un jeu d'association", de "Sur un chemin montant sablonneux, mal-aisé," la fable de La Fontaine qu'ils chantaient. Je me souviens de la chanson "M'travay anpil lajanm fini ki jan poum fè pou mal nan péyim". Je me souviens qu'elle me donnait envie de pleurer. Je me souviens de la chanson "Aucun homme n'a été comme moi affligé de ton dernier baiser" Je me souviens que cette chanson me troublait et que je me demandais combien d'hommes avaient reçu le dernier baiser.




Je me souviens des noms de familles qui ne sont plus d’Haiti, comme moi. Je me souviens que ces noms ont berçé mon enfance. Les noms des amis de mes parents. Certains étaient des alliés, ou des cousins plus ou moins proches. Je me souviens des Ledan, des Gatreaux, des Holly, je me souviens des Large, des Turnier, de Elsie Turnier l’amie d’Armande ma soeur, des Holly, de Jacques Holly, des St-Macary, des Casimir, je me souviens de Mimose Casimir, je me souviens de notre dentiste le docteur Loulou Ethéard, je me souviens des Mallary ,je me souviens des Salgado, de mon pédiatre le docteur Antoine Salgado dit Tony Salgado, je me souviens qu’il me donnait des bonbons pour me piquer, je me souviens qu’il souriait et était rassurant avec la petite fille malade que j’étais. Les enfants malades, appelés à aller souvent chez le médecin finissent par la force des choses par se durcir et être moins effrayés par la médecine et les hôpitaux. Aujourd’hui encore ces noms sont pour moi des « madeleines » et rien que de les entendre me renvoit à cette Haiti, le soleil à travers le feuillage, la cloche du marchand de fresco, la musique de Charlie Parker écoutée par quelqu’un dans la grande maison, un « hééé, machté boutééé » crié par un homme dans la rue, le bruit du pilon des voisins, ma grand-mère ressortant inlassablement sa vie de son armoire, mes crises d’asthme, mon père refusant des contrats en Afrique parce qu’il « ne veut pas laisser le pays à Duvalier » (m pap kite peyi a pou Duvalye, disait-il) et le bonheur de savoir que ce sera toujours le bonheur.

Je me souviens avoir mordu Jeanjean mon frère et avoir pleuré parce qu’il avait eu mal. Je me souviens qu’il s’est mis à rire en me voyant pleurer.
Je me souviens que j'aimais beaucoup le riz au lait et l'œuf aux citrons. Je me souviens que maman me faisait du riz au lait pour mon anniversaire. Maman ne cuisinait qu'à nos anniversaires. Chaque personne avait droit à son plat préféré. Je me souviens que ma grand-mère Alice faisait de l'œuf aux citrons. Je me souviendrai toujours de l'odeur et de la couleur de l'œuf aux citrons. Je me souviens que j'aimais beaucoup la soupe jiromon, et le bouillon tètkabrit. Je me souviens que le maïs me rendait malade. "Ca ne lui va pas" disait maman. Je me souviens des "tisannes kann" comme rafraîchissantes. 

De l'eau de laitue, du gooddrink à base de pelure d'ananas fermentée. Je me souviens de la crème au coco que préparait Corinne une voisine. Je garde sur la langue les petits bouts de poudre d'amour qu'elle y incorporait. Je me souviens que je n'aimais pas le pois Congo, mais le pois de France. Je n'aimais pas le pois noir, mais le pois rouge. Je me souviens que je n'aimais pas que l'on me donne trop de fèves, trop de graines de pois. Je me souviens que Jeanjean et moi nous attendions que Papa rentre pour nous faire manger, parce que Papa mangeait tout ce que nous n'aimions pas…surtout l'excédent de fèves.


Je me souviens que l’on appelait « tante » les proches amies de maman: tante Céline Talleyrand, c’était Mme Claude Préval, et tante Toutoune, c’était Christine Chéron, Mme Gustave Merlet. Elles étaient les marraines des mes frères. Leur maris étaient les parrains de mes frères.

Je me souviens des conversations sur la grève des étudiants en médecine sous Duvalier père. Je me souviens que l’on avait tant matraqué l’un d’entre eux que ses parents l’avais envoyé aux Etats-Unis pour récupérer sa colonne vertébrale.

Je me souviens que j’enviais les maisons de poupée et les meubles miniatures de ma voisine Gina Villefranche. Je me souviens qu’elle les amenait pour jouer avec moi parce que je n’avais pas le droit de traverser chez elle. Je me souviens que l'on ne me laissait jamais aller nulle part.

Je me souviens de Jacques Large un jour il est venu à la maison, la tête bandée: un voleur l’avait agressé, je me souviens qu’il avait une canne. Je me souviens des Vollel, qui lui ont succédé dans la grande maison rose de l'Impasse Gardère. Je me souviens des Villefranche, je me souviens des Fétières, du cousin de papa le docteur Antoine Fétières dit Tatane, je me souviens des Merlet, des Chéron, je me souviens des Talleyrand, je me souviens des Fonbrun, je me souviens des Colon, de Jeanne Colon fille de Mme Colon, cousine de Jacques Roumain, qui n’était pas mariée que je regardais en cachette en me demandant pourquoi elle n’était pas mariée la jolie Jeanne avec une si jolie voix.Je me souviens qu’avant le mot « JEAN » on disait "ABAKO" chez nous, en Haiti. je me souviens du tube carnavalesque "Abako, manman kanson".

Je me souviens que les tailleurs de ma grand-mère étaient toujours en lin de la même couleur café très crème. Elle appelait cette couleur du "brabant". Brabant est un "nom-de-l'enfance" pour moi.Je me souviens que papa lisait toujours Le Nouveau-Monde, Le Nouvelliste et le Matin chaque jour. Le slogan du Matin était "Si Le Matin le dit, c’est vrai". Je me souviens que Maman disait : "C'est beaucoup demander".

Je me souviens des amies de ma mère, Anne-Marie Peters, Odette Fonbrun, Lucie Paultre, Mme Louis Holly, Gisèle Rameau, Amédée Rousseau. Cette dernière était la mère d’Andrée Rousseau la petite amie de mon frère Jacques, qui était également le copain de Ti-Chine Rousseau, grand frère d’Andrée. Je me souviens des Caleb Leys, de Ernst Wilson, et de Bob Bouchereau, les meilleurs amis de mon frère Jacques -eh oui j'en ai un. Je me souviens que je n’avais que cinq ans et que les amis de mon frère de treize ans plus âgés, me troublaient. Je me souviens des Avin, de Ti-Guy Avin qui s’est suicidé, je me souviens que Jacques mon frère en a pleuré.


Je me souviens que j’étais fascinée par la façon des grandes personnes de chercher dans le dictionnaire. Elles tournaient d’énormes paquets de pages en même temps, alors que moi je devais les tourner une à une, sous peine de rater mon mot. Je me souviens avoir voulu être vite une grande personne pour tourner comme elles les pages d'un dictionnaire.


Je me souviens des poèmes "Le Facteur" et "La biche brame au clair de lune" qu’apprenait mon frère. Je me souviens de ses livres de leçon de choses "Voici pourquoi, voici comment".

Je me souviens que JeanJean et moi suçions le sucre de tous les comprimés dragéifiés de l’armoire à pharmacie et les remettions ensuite dans leur tube. Nous faisions de même avec les fleurs, jusqu'à écoeurement. Je me souviens que nous passions notre temps, à écarquillés les yeux pour fixer le soleil, le plus longtemps possible. Je trouve le soleil vraiment gentil. Nous devrions avoir la cornée cramée. Je me souviens que ma grand-mère Alice avait un énorme trousseau de clés. J'étais très impressionnée par tant de clefs.

Je me souviens du carnaval où Irmis ma tante, dite Tatis, m'avait déguisée en Japonaise. Jean-René mon frère était en mousquetaire. Je me souviens que l'on regardait le défilé debout sur une énorme chevrolet de 58. Je me souviens que tout est énorme quand on a 6 six ans. Je me souviens que les bandes "Otofonic" et "Diabolo" me faisaient peur. Que je préférais Nemours ET Circot, malgré qu'il fallait choisir son camp. Lorsque "Cadence en pas" ouvrait le défilé, "Compas direct" le fermait. Et inversement. C'était une mesure de précaution de la Mairie de Port-au-Prince, pour éviter qu'ils se rencontrent et ne se castagnent. Les groupes faisaient exprès de s'attendre aux extrémités et la castagne avait quand même lieu. 

Je me souviens que cela pouvait être sanglant. Je me souviens que la police tapait sur ceux qui se battaient. Le carnaval s'arrêtait là pour nous, les enfants; ma tante, voulant nous cacher un spectacle violent, nous ramenait à la maison. Je me souviens que j'aimais mieux voir passer le carnaval du balcon de tante Titi à la rue Capois. Je me souviens d'Angel-et-Raphaël, drag-queens avant la lettre. Il y avait aussi les énormes têtes –oh Dieu- que les chars me semblaient beaux. Je me souviens que Marie-Carmelle, notre bonne et Jeanjean étaient pour les Quatre-Couleurs de Circot, et qu'ils m'obligeaient à choisir Compas Direct. Je me souviens de la danseuse "Ti Simone" et du refrain "TiSimòn koté w te ye, se nan jet-la mte ye". Je me souviens de "Gade yon peyi, m'fè sam pito". Je me souviens qu'il fallait se retourner les poches pour montrer qu'elles étaient vides.

Je me souviens de leçons de piano de mes sœurs. Je me souviens du jour où Maman a du se séparer du piano à queue. Je me souviens de Jacky Duroseau, de Solon Menos, le plus grand professeur de piano de la ville.

Je me souviens des rondes d'enfants le soir. J'aimais entendre jouer les enfants au loin le soir. Je me souviens que les cric-crac de Marie-Carmelle ou de Laurette nous effrayaient mais nous les réclamions. Je me souviens que JeanJean aimait les histoires de Bouki et de tiMalice, moi je préférais Tézin mon ami, et d'un autre conte où l'on chantait "Kayman dodo, kayman men mamanw vini". Ou bien  "mouri" j'ai la memoire qui flanche


Je me souviens des promenades du dimanche soir au Bicentenaire, de la fontaine lumineuse, je me souviens qu'un soir Jeanjean s'est perdu. Quand on l'a retrouvé enfin, il riait, et moi je pleurais parce que j'avais peur de ne plus retrouver mon frère.
Je me souviens que ma cousine Anne-Marie se moquait de la forme de mon nez. Elle riait en disant qu’il ressemble au capot des voitures américaines que l’on voit dans le cinéma des années 50. (w ta di devan oto nan cinema)Je me souviens du cantique "Le voici l’agneau si doux, le vrai pain des anges". Ma tante Liné, dite Tante Titi, le chantait à toutes premières communions.

Je me souviens du film « Le prince esclave » Je me souviens de "Quatre balles pour Joe", de "Pour qui sonne le glas". Je me souviens de "Aimez-vous Brahms?" Je me souviens des "Canons de Navarone" Je me souviens de matinées enfantines du Rex Théatre, à 50cts. Je me souviens du Café Napoli, du Rex Café aussi.Je me souviens des énormes cylindrées américaines -8 chevaux- qui faisaient « goudougoudougoudougoudougoudougoudou » en roulant.

Je me souviens de Alfredo, le jeune Alfredo âgé de 24 ans –Dieu! Qu'Alfredo était beau!- qui se marie samedi avec Brigitte Bardot. La semaine prochaine c'était Gina Lollobrigida qu'il épousait. Et la suivante encore c'était au tour de Maya Casabianca d'être la femme d'Alfredo. Je me souviens qu'il était beau Alfredo. Je me souviens que j'était amoureuse en secret d'Alfredo mais que je n'osais le dire à mon frère parce que Jeanjean et Marie-Carmelle riaient quand Alfredo passait.




Je me souviens des programmes de musique yé-yé. Dick Rivers chantant « Demande-lui oh oui baby John, demande-lui si je peux encore l’aimer » ou "Sarah-Jane". Je me souviens de la chanson "These foolish things". Je me souviens de l'émission "Salut les copains!".


Je me souviens de la chanson d’Eddy Mitchell "Une fille si belle". Je me souviens de la chanson "Papa vient d’épouser la bonne" et de celle dont se souvient Pérec "Papa, Maman, la bonne et moi on a une voiture qui ne marche pas".

Je me souviens qu’au dos des revues Historia, il y avait le slogan « Je n’ai qu’un regret, c’est de n’avoir pas connu plus tôt l’Histoire universelle » Je me souviens que je pensais qu’il s’agissait d’un film.



Je me souviens que nous habitions à l'Impasse Gardère entre les Large, et les Rivière, en face des Liauteaud (que des garçons), je me souviens de Gaby Liautaud, de Arnaud Liautaud. Un jour je l'ai vu tombé d'un arbre et il s'est cassé la tête. Mama disait que cela aurait pu être irrémédiable. Je me souviens des Villefranche. Qui eux habitaient près des Gatreaux, un peu plus loin étaient les Dupiton, presqu'à l'angle il y avait les Liautaud (que des filles) et les Doucet. Je me souviens que les Dupiton étaient si grands que je croyais qu’ils pouvaient toucher le ciel.


Je me souviens que je n’aimais pas le café trop clair que l’on servait aux enfants. Je me souviens que ma grand-mère Alice me faisait des infusions à la place.Je me souviens de la pratique de lait qui venait nous en livrer le matin. Je me souviens que j’aimais le lait caillé. Je me souviens que j'aimais la crème du lait de vache bouilli. Je me souviens qu'un jour ma grand-mère a trouvé un petit anolis dans son godet. Je me souviens qu'elle cela ne l'avait pas effrayée.



Je me souviens qu'un jour j'ai dit que le 48 sortirait à la borlette. Il "a fait" premier lot. Marie-Carmelle est rentrée du marché en disant "Tite te di sa wi. Tite te bay li wi". Je me souviens que Dominique Morilas m'attribuant un don m'a contrainte à lui donner des numéros comme ça, de tête. Je me souviens que maman lui disait "Laisse donc l'enfant tranquille". Je me souviens qu'après il n'était pas content parce qu'il avait perdu beaucoup d'argent à ma borlette "à cause de moi" disait-il. J'avais honte. Je n'avais aucun don. Le 48 était une pure coïncidence. D'ailleurs j'aurais mieux fait de me taire ce jour-là. Je me souviens qu'il ne m'en a pas voulu longtemps. Il avait une énorme chevrolet bleu ciel.

Je me souviens de la construction du Pont St-Géreau, avant il n'y avait qu'une passerelle que j'empruntais pour aller à l'école de Carmen Sylvie à l'Avenue N. Je me souviens de l'interdiction qui nous était faite, à nous les enfants de traverser le Corridor Bois-de-Chêne. Je me souviens que l'on ne nous a jamais dit pourquoi. Je me souviens que le Bois-de-Chêne me fascinait mais que je n'y suis jamais allée qu'une fois devenue grande, le corridor s'était changé alors en ruelle modeste certes mais respectable.






Je me souviens de ma première institutrice, Jacqueline Ajax, de mon premier amour quatre ans Jean-Bernard Gébara. Je me souviens d'un autre garçon dans la classe de 12ème chez Georges-Marc il me faisait peur parce qu'il mangeait ses crottes de nez.


Je me souviens de Dany et Poupette Morilas, les filles de Dominique Morilas. Je me souviens que Dominique "dépensait tout son argent à la borlette" d'après maman. Je me souviens qu'ils sont partis très tôt, je n'avais pas encore quitté l'impasse Gardère . Je me souviens que je n’apprenais pas mes leçons à haute voix. Je les lisais « dans mon coeur » Je me souviens que, Dominique Morilas, m’avait trouvée "très intelligente" à cause de cela.




Je me souviens de sa mère Mme Colon -de Jacmel- c’était une vieille dame très attachante. Elle habitait près du Sacré-Coeur, entre le salon funéraire l'Ange Bleu et chez les Baker. J'aimais beaucoup Mme Colon: elle ne me parlait pas comme à une enfant, je me souviens que nous discutions de (presque) tout, je me souviens que madame Colon était toujours souriante. Je me souviens des Rameau, je me souviens des Lavallière, c’était des parents de maman, je me souviens avoir vu partir tout ce monde et mes parents n’ont plus reçu personne, enfin presque…


Je me souviens que ma tante Titi écoutait tout le temps du Jazz et de la chanson française. Je me souviens de Lucienne Delisle, de Lucienne Boyer, de Germaine Montero, d'Edith Piaf, de Patachou. Je me souviens que j'ai toujours aimé la chanson "Milord". Je me souviens que je trouvais la femme gentille de vouloir consoler l'homme, tous les hommes. Je me souviens que je me disais que je serais comme elle.

















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